Cadavres en Doliscanie
e long de certains chemins, entre les falaises du Plateau et sur les rives de la Mer Jaune, un pèlerin non initié pourra y trouver des autels à la beauté dérangeante.
Assis contre un poteau ou couché à même le sol, des cadavres desséchés aux gerbes de fleurs s’échappant de leurs orifices béants accompagnent les voyageurs le long des routes.
Si ces visions morbides peuvent déstabiliser les passants, elles sont pourtant la manifestation de traditions mortuaires propres à la Doliscanie. Si, dans nombre de duchés, les corps des défunts sont brûlés ou jetés à la mer, ici les cadavres sont exposés à la vue de tous, décorés de fleurs aux couleurs chatoyantes et aux parfums enivrants, clairsemés à travers la région.
Il est dit que plus la vie du défunt était emplie d’héroïsme, de bienveillance et de justesse, plus son cadavre serait le terreau fertile de fleurs étincelantes. Près d’anciens chemins, certains bosquets d’arbustes sont si colorés qu’on raconte qu’ils sont le testament des grands héros de la Plaine.
Parfois, durant la nuit, il arrive aussi qu’un corps disparaisse, laissant derrière lui un lit de fleurs fanées. Personne ne sait vraiment ce qu’il advient du corps mais plusieurs témoins peu rassurés affirment avoir vu le mort se lever, aidé par une forme encapuchonnée et partir, comme si la vie l’habitait encore.
Et si l’on en croit ces récits, tous les morts semblent se diriger vers le même endroit : vers les collines. Vers le royaume du Roi en Fleurs.