Une certaine façon de mourir

uand la seconde flèche traverse son buste, elle met un genoux à terre. Elle expulse une gerbe de sang depuis les profondeurs de son poumon percé. La mort la guette depuis un moment déjà, cachée dans la clameur du combat, attendant patiemment le dernier coup.

Elle halète, crache et grogne; sa main tremblante fermement accrochée au pommeau de son épée plantée dans le sol.

Sa vision se trouble, embrumée de sueur et de sang. Elle lève les yeux une dernière fois, espérant apercevoir un compagnon d’armes encore debout parmi les corps amassés dans la boue.

C’est dans ce dernier instant où le regard se fige que l’on s’attend à ce que la dépouille tombe au sol, laissant une masse de chair inanimée. Un festin pour les charognards.

Son visage disparait puis son crâne, sa peau et ses muscles. Une gerbe d’une étrange fumée épaisse s’élève depuis l’encolure de son gorgeret. Elle est rouge, ocre, rousse et s’échappe lentement, comme libérée d’une longue réclusion. Cette fumée flamboyante presque palpable laisse derrière elle une armure vide avant de disparaître, dissipée par le vent.